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Le meilleur président de l’Argentine: un article historique sur Arturo Illia.

Présentation.

Maison du gouvernement argentin devant la Plaza de Mayo. Foto: GameOfLight, Wikipédia.Dans ce reportage nous évoquons un homme d’État éthique qui atteint la présidence de son pays de façon démocratique et introduit la soumission de propositions favorables à ses concitoyens. Son naturel honnête et courageux le pousse à prendre des mesures qui provoqueront la réaction des pouvoirs de fait, ce qui déclenchera un coup d’état qui le délogera de son poste.

Dés notre Centre d'Études Joan Bardina nous remercions le travail de qui a fait ce reportage en l’honneur de Arturo Umberto Illia, comme revendication d’un système économique, politique et social qui ferait occuper les postes de responsabilité à des personnes de naturel éthique, sans contradictions entre les moyens utilisés et le but de service à la collectivité.

Équipe du Centre d'Études Joan Bardina.
Vendredi, 6 avril 2018.
Traduction : Loto Perrella.


Le club des livres perdus.

Argentine. Arturo Illia. Coup d’état.

Le meilleur président de l’Argentine: article historique sur Arturo Illia.

Il y a 35 ans, le 18 janvier 1983, mourait dans la misère l’ancien Président Arturo Illia. Médecin de profession, il vit ses derniers jours travaillant dans la boulangerie d’un ami, car il avait renoncé à sa retraite.

Entre ses possessions il y avait seulement une paire de chaussures.

Il n’avait pas de voiture, car il avait du la vendre pendant son mandat pour payer le traitement médical pour son épouse, qui malgré tout mourut de cancer.

Il travailla comme médecin à Cruz del Eje, Córdoba, où on l’appelait l’ « Apôtre des Pauvres », parce qu’il soignait des malades sans moyens, en se déplaçant á cheval, en sulky, ou à pied, et achetant lui-même les médicaments.

Le prix Nobel Federico Leloir, selon l’explique Marcos Aguinis, eut le courage de réfuter ceux qui voulaient rapetisser l’héritage de Arturo Illia, en disant : « l’Argentine eut un très bref Âge d’Or dans les arts, la science et la culture : ce fut de 1963 à 1966. »

Arturo Illia (1900-1983).
Arturo Illia (1900-1983).

Quand Arturo Umberto Illia accède au pouvoir comme président (1963-1966), sa déclaration sous la foi du serment contenait quelques économies, une voiture, et sa maison de Cruz del Eje. Cette maison était un cadeau de ses voisins, ses patients et ses amis.

Quand il laisse sa place il lui reste seulement sa maison, quatre costumes et quelques autres vêtements personnels.

Arturo Illia lutta toute sa vie pour défendre les droits des plus faibles, ainsi prouvant à tout le pays et aux autres nations latinoaméricaines qu’on peut être à la tête du Gouvernement de la République sans laisser de côté les principes éthiques et idéologiques. Il gouverna pour le peuple, sans jamais laisser prévaloir les considérations politiques personnelles ou de parti, mais faisant toujours le mieux pour son pays, sa souveraineté politique et le renforcement des institutions démocratiques.

« C’est le temps de la réparation nationale, à laquelle nous avons tous quelque chose à contribuer, c’et le temps de la grande révolution démocratique, la seule que le peuple veut et attend ; pacifique, oui, mais éthique, profonde et vivifiante, qui, en restaurant les forces morales de la nation, nous permet affronter une destinée prometteuse avec foi et espérance. »

Arturo Umberto Illia.

Celui-ci est le message qu’il prononça quand on le nomma président.

Couverture de revue : « Un médecin pour un pays malade : Arturo Illia ».
Couverture de revue : « Un médecin pour un pays malade : Arturo Illia ».

Il est important de souligner de sa gestion : son renforcement à la Loi des Médicaments, la Loi du Salaire Minimum Vital et Révisable, l’abrogation des Contrats Pétroliers, l’annulation des Frais Réservés, la défense de la souveraineté des Îles Malouines (Falkland) vis-à-vis de la O.N.U., et la destination d’un 25% du budget national pour l’Éducation, le chiffre plus grand dans l’histoire du pays, et aussi garantir la vigueur des droits civils, des libertés publiques, et le dessin d’une politique extérieure souveraine et solidaire, sur tout envers les peuples en voie de développement, et encore il réalisait un plan d’alphabétisation et réduit le chômage... tout ceci en moins de 3 ans.

« Ce dont notre démocratie a besoin est d’être une vraie expression de sa véritable essence. L’important n’est pas que la raison sociale de la démocratie se trouve dans nos déclarations politiques ou nos statuts de parti, mais que les argentins aient la décision et le courage de la mettre en oeuvre. »

Arturo Umberto Illia.

Sa gestion du gouvernement.

Arturo Illia assumait son poste le 12 octobre 1963. La première décision fut éliminer les limitations pesant sur le peronisme. Dès la Révolution Libératrice les manifestations de ce parti étaient interdites par le Décret 4161/56, cependant, cinq jours après que Illia occupe son poste, il y eu un acte commémoratif le 17 octobre dans la Plaza Miserere sans aucune limitation. De la même façon furent levées les restrictions électorales, permettant la participation du peronisme dans les élections de 1965. L’interdiction que pesait sur le Partit Communiste fut aussi levée et on approuva des punitions pour la discrimination et la violence raciale.

Jairo racconte une anecdote familiale avec Mr. Arturo Illia comme protagoniste. Vidéo de 4 minutes 22 secondes.

Loi du salaire minimum, vital et révisable.

Le 15 juin 1964 on publie dans le Journal Officiel la Loi 16.459, du salaire minimum, vital et révisable, préalable à la constitution du Conseil du Salaire, composé par des représentants du Gouvernement, des entrepreneurs, et des syndicats.

Entre les buts du projet il y avait la nécessité « d’éviter l’abus des travailleurs dans ces secteurs où il pouvait y avoir un excès de main-d’œuvre », « garantir un revenus minimal approprié », et « améliorer les salaires des travailleurs plus pauvres ».

Avec les mêmes buts on seconda la Loi de Ravitaillement, pour contrôler les prix de la corbeille familiale et le blocage des montants minimaux des retraites et des pensions.

« Il faut lutter pour l’homme même, parce que c’est l’évidence humaine qui fait chanceler les tyrans et les faux dieux. Et si nous ne sommes pas surs que notre vérité soit la vérité, par contre nous savons bien où se trouve l’imposture. »

Arturo Umberto Illia.

La politique pétrolière.

Le Président de l’Argentine Arturo Umberto Illia parle en public.
Le Président de l’Argentine Arturo Umberto Illia parle en public.

Arturo Frondizi avait entamé pendant son gouvernement une politique d’exploitation pétrolière basée sur la concession des gisements à des entreprises privées, tout en réservant pour l’entreprise de l’État Yacimientos Petrolíferos Fiscales (YPF) l’activité de l’exploration et l’achat de la production aux entreprises concessionnaires. Face aux objections économiques et commerciales (comme le transfert du risque patronal à YPF, qui devait effectuer les investissements des nouvelles explorations, ou la majoration des prix des combustibles), la plate-forme électorale de Illia dénonçait la politique des concessions, qu’elle considérait contraire aux intérêts nationaux, et s’engageait à annuler les contrats de concession.

Le 15 novembre 1963 Illia signait les décrets 744/63 et 745/63, qui annulaient ces contrats à cause de «vices de illégitimité et parce qu’ils étaient nuisibles aux droits et aux intérêts de la Nation».

L’Éducation.

Pendant son administration l’éducation eut une importance sur le Budget National. En 1963 sa participation était du 12%, en 1964, du 17%, en 1965, du 23%.

Le 5 novembre 1964 se met en marche le Plan National d’Alphabétisation, avec le but de diminuer le taux d’analphabétisme, qu’à ce moment était considéré un peu plus du 10% de la population adulte. En juin 1965 le Programme disposait de douze mil cinq cent centres d’alphabétisation, et sa tâche couvrait 350.000 élèves de 18 à 85 ans d’âge.

Entre 19063 et 1966 reçurent leur diplôme de la UBA 40.000 élèves, le chiffre plus haut dans toute l’histoire de l’Université.

La Loi des Médicaments.

La Loi 16.462, aussi nommée Ley Oñativia, en hommage au Ministre de Santé Arturo Oñativia, fut adoptée par tous les blocs, à l’exception de UDELPA et la Fédération des Partis du Centre, et confirmée le 28 août 1964. Cette Loi instituait une politique de prix et de contrôle des médicaments, bloquant les prix sur ceux en vigueur à fin 1963, et établissant des limites pour les dépenses de propagande, imposant des limites à la possibilité de faire des paiements à l’étranger, comme des cadeaux, et pour l’achat de facteurs de production. La réglementation de la Loi, au moyen du Décret 3042/65, établissait en outre le devoir des entreprises de soumettre, au moyen d’une déclaration sous la foi du serment, une analyse des frais et de régulariser tous les contrats de droits existants.

Cette loi nait comme conséquence d’une étude faite par une commission nommée par le Président Illia sur 300.000 échantillons de médicaments. Beaucoup de ces médicaments n’étaient pas fabriqués selon la formule déclarée par le laboratoire, et leur prix dépassait en un 1000% les coûts de production.

Adhérents, adversaires et observateurs impartiaux étaient d’accord que cette politique eut un poids décisif dans le processus politique qui aura comme conséquence le renversement du président para un coup militaire.

« Notre ordre social sera équitable quand les ressources humaines, associées aux avances techniques du pays, permettront de garantir aux argentins de subvenir à leurs besoins physiques et spirituels. »

Arturo Umberto Illia.

La politique économique.

En ce qui concerne l’économie, le gouvernement de Arturo Illia appliqua une politique de mise en ordre du secteur publique, de diminution de la dette publique et d’impulsion à l’industrialisation. Pour un contrôle plus effectif des entreprises publiques, on créa la position de Syndic pour les Entreprises de l’État.

L’évolution du Produit Intérieur Brut durant cette période fut de -2,4% pour l’an 1963, de 10,3% pour l’an 1964, et de 9,1% pour l’an 1965. L’évolution du Produit Industriel Brut fut de -4,1% pour l’an 1963, de 18,9% pour l’an 1964, et de 13,8% pour l’an 1965. La dette extérieure baissa de 3.400 millions de dollars à 2.600 millions.

Le salaire horaire réel entre décembre 1963 et décembre 1964 augmenta un 9,6%. Le chômage passa de 8,8% en 1963 à 5,2% en 1966.

Le renversement.

Le 28 juin 1966, au petit jour, Illia se trouvait dans le Siège du Gouvernement, avec les ministres, les collaborateurs, quelques sénateurs et députés nationaux radicaux. A 5 heures 10 de ce jour, mardi, s’introduisent le général Julio Alsogaray, le Chef de la Maison Militaire brigadier Rodolfo Pío Otero, le colonel Luis Perlinger, et un groupe d’officiers.

Le Président argentin Arturo Umberto Illia en public.
Le Président argentin Arturo Umberto Illia en public.

Le dialogue suivant fut publié par la revue « Somos » le 21 janvier 1983 :

–Alsogaray : « Je viens exécuter une ordre du commandant en chef... »

–Illia : Le commandant en chef des Forces Armées c’est moi. (Il indique un livre qui se trouve à un coté de sa table). Mon autorité se dégage de cette Constitution que nous avons accompli et à laquelle vous aussi avez prêté serment. Tout au plus vous êtes un général révolté qui trompe ses soldats.

–Alsogaray : « En représentation des Forces Armées je viens vous demander de quitter ce bureau. L’escorte de grenadiers vous accompagnera. »

–Illia : « Vous ne représentez pas les Forces Armées, seulement un groupe d’insurgés. Vous, et ceux qui vous accompagnent agissez comme des brigands nocturnes... »

–Alsogaray : « Monsieur le Présid... (il se corrige) Docteur Illia... ».

–Plusieurs voix : « Monsieur le Président ! »

–Alsogaray : « Pour éviter toute violence, je vous demande encore un fois de quitter cette maison ».

–Illia : « C’est vous qui provoquez la violence. Vous n’avez rien à voir avec l’Armée de San Martín et de Belgrano. Vous avez fait beaucoup de mal à la patrie et vous continuerez d’en faire. Le pays vous condamnera pour cette usurpation... ».

–Alsogaray : Vous êtes en train de porter les choses trop loin, docteur Illia. Nous vous garantissons votre translation à votre résidence de Olivos. Votre intégrité physique est garantie.

–Illia : Mon bienêtre personnel ne m’intéresse pas. Je reste à travailler au lieu que m’indique la loi et mon devoir. Comme commandant en chef je vous ordonne de vous retirer.

–Alsogaray :  Je reçois mes ordres uniquement du commandant en chef de l’Armée.

–Illia : Le seul chef suprême des Forces Armées, c’est moi. Vous êtes les insurgés. Retirez-vous !

Les chefs militaires quittent le bureau présidentiel. A sis heures revient le colonel Perlinger accompagné d’officiers subalternes. Perlinger s’approche para la gauche à la table de Illia et lui dit d’un ton ferme :

–Perlinger : Docteur Illia, au nom des Forces Armées, je viens vous communiquer que vous avez été destitué.

–Illia : J’ai déjà dit au général Alsogaray que vous ne représentez pas les Forces Armées.

–Perlinger : Je me corrige, au nom des forces que je possède...

–Illia : Portez ces forces.

–Perlinger : Ne me forcez pas...

–Illia : C’est vous qui employez la force, pas moi.

Le President argentin Arturo Umberto Illia assis donnant un discours.
Le President argentin Arturo Umberto Illia assis donnant un discours.

« Les jeunes ne doivent jamais accepter qu’on leur réduisent le plus important des droits d’un être humain, qui est la liberté de penser. »

Arturo Umberto Illia.

Perlinger et ses compagnons se retirent. À 7 heures 25 Perlinger revient, cette fois-ci à la tête d’un groupe d’effectifs de la garde d’infanterie de la Police Fédérale, avec des pistolets lance-gaz.

–Perlinger : Docteur Illia, votre intégrité physique est garantie pleinement, mais je ne peux pas dire le même pour les personnes qui sont avec vous. Elles seront délogées à force.

–Illia : Votre conscience vous reprochera ce que vous faites. (s’adressant aux policiers). Beaucoup d’entre vous auront honte d’obéir ces ordres indignes de qui n’est pas même votre chef. Souvenez-vous : quand vous raconterez à vos enfants ce que vous avez fait ici, vous aurez honte...

–Perlinger : Docteur Illia nous devrons utiliser la force...

–Illia : C’est la seule chose que vous avez...

–Perlinger : (Avec force, à ses subordonnés) : Deux officiers surveillent le docteur Illia, les autres avancent et délogent la salle.

La troupe avance tandis que les deux officiers de police qui doivent surveiller Illia ne peuvent pas faire leur travail, car il est immédiatement entouré par ses collaborateurs. Il y a de l’agitation mais en peu de temps la salle est délogée. Illia et ses collaborateurs descendent les escaliers jusqu’au rez-de- chaussée, suivis de près par le petit bataillon de lance-gaz. C’était 7 heures 40 minutes, sur les trottoirs de la Plaza de Mayo et du Banco de la Nación, plusieurs douzaines de soldats à plat ventre pointent leurs armes sur la Casa Rosada avec leurs fusils. A 7 heures 45 minutes, Illia monte dans un taxi qui l’emporte à la maison de son frère à Martínez.

« Somos » ne reporta pas exactement les dialogues. D’autres témoignages nous permettent d’introduire quelques expressions importantes, après de mentionner que presque toute l’équipe balbiniste accompagnait Illia dans cette circonstance. Alsogaray se trouvait à gauche du Président Illia, qui ne leva pas la tête, sans le regarder ni s’altérer, continua ce qu’il était en train de faire à ce moment là. Ceci avait dérangé le militaire qui, ennuyé, cherchait à arracher la photo que Illia était en train de signer pour un de ses collaborateurs (un employé du secrétariat privé, ou peut être le chef, Miguel Ángel López, ou un garçon de bureau, selon les différentes versions). Illia empêcha que le militaire lui arrache la photo et aussitôt après eu lieu une partie du dialogue que le revue mentionnée ne reproduit pas :

–Alsogaray : Laissez ceci, permettez...

–Illia : Taisez-vous... Je ne vous connais pas. Qui êtes-vous ?

–Alsogaray : Je suis le général Alsogaray...

–Illia : Attendez. Je suis en train de m’occuper de ce citoyen. Quel est votre nom, mon ami ?

–Alsogaray : Respectez-moi...

–Illia : (Après avoir signé la photo) Ce jeune homme est plus important que vous. C’est un citoyen digne et noble. (Se levant et adressant le général) Qu’est-ce que vous voulez ?

–Alsogaray : Je viens exécuter un ordre du commandant en chef...

Après il continue dans les grandes lignes le dialogue déjà reproduit, mais avec une différence :

–Alsogaray : En représentations des Forces Armées je vous demande de quitter le bureau.

–Illia : Vous ne représentez pas les Forces Armées, vous représentez seulement un groupe d’insurgés. Vous et ceux qui sont avec vous agissez comme des brigands de nuit, qui comme des bandits vous arrivez au petit jour pour occuper le Siège du Gouvernement...

Des années plus tard, le colonel Luis C. Perlinger envoya la suivante note au Docteur Illia :

« Au commencement de 1966, quand vous étiez le Président du Pays, je pris part à quelques réunions à Mar del Plata et Buenos Aires avec des généraux qui occupaient des postes importants dans le EMGE, que je cherchais de persuader de ne pas rompre l’ordre institutionnel. Voyant l’inutilité de mes efforts, et pensant à tort que l’unité de la force menacée par des cas isolés d’opposition était plus importante que le respect pour la Constitution, je me pliais au mouvement qui éclata le 28 juin.

Des circonstances non cherchées, mais qui souvent arrivent aux hommes d’action, m’attribuèrent un rôle important dans votre destitution.

Dans une présentation de juillet 1976, que je distribuais à profusion, et dont je vous faisais arriver un exemplaire, j’écrivais : « Il y a 10 ans l’Armée me donna ordre de déloger le bureau présidentiel. A cette occasion le docteur Illia avança calmement vers moi et me dit plusieurs fois : Vos fils vous en reprocherons. Vous aviez raison ! » Il y a long temps que je m’en veux, car alors je suis tombé innocemment dans le piège d’aider à déloger un mouvement vraiment national.

Ce matin-là vous m’avez donné une inoubliable leçon de civisme. La reconnaissance publique que en 1976 j’ai fait de mon erreur, ne peut pas réparer le mal fait, mais il vous donne, à vous qui êtes un des grands démocrate de notre pays, la satisfaction que votre dernier acte de gouvernement fut de transformer en un vrai démocrate la personne qui était en train de vous déloger par les armes de votre poste constitutionnel... »

Couverture dans le journal « El Litoral » : Déposé le gouvernement du Docteur Illia. J. Onganía Président provisoire.
Couverture dans le journal « El Litoral » : Déposé le gouvernement du Docteur Illia. J. Onganía Président provisoire.

« Le manque d’ostentation est fondamental dans tout homme qui veuille exercer une action pédagogique de quelque sorte que ce soit... pour être utile il faut être austère, désintéressé et modeste. »

Arturo Umberto Illia.

Le coup d’état du 28 juin 1966, qui renversa le gouvernement constitutionnel, fut une des actions les plus nuisibles pour la continuité institutionnelle et le vrai développement socioéconomique de l’Argentine.

Il y eut plusieurs causes : le possible retour au pouvoir du peronisme, son affrontement avec les capitaux pétroliers et les entreprises multinationales pharmaceutiques, l’extraordinaire campagne d’action psychologique à travers tous les moyens de communication ; et une nouvelle coalition entre les hiérarchies syndicales et les cadres militaires suivants l’orientation de Franco et inspirés dans la Doctrine de la Sureté Nationale, sont les plus mentionnées.

Même si on ne parle pas souvent par peur de dire quelque chose politiquement incorrecte, il faut souligner que le coup contre Illia fut possible surtout grâce à l’accord ou alliance militaire-syndicale peroniste, de racine corporatiste et réminiscences franquistes.

Pourquoi accord ? parce que tout accord renferme une contre-prestation entre les parts, et l’accord militaire-syndicale peroniste eut lieu dans l’escalade de violence corporative qui eut lieu dans le plan de lutte avec la prise des usines décrétée par la CGT et exécutée avec précision chronométrique, et qui termina avec la remise par le gouvernement dictatorial de Onganía, qui livra le contrôle du système des œuvres sociales aux syndicats peronistes, ce qui représente une vrai obstacle de corporatisme fascistoïde et encore aujourd’hui une dette de l’état démocratique. Ceci a signifié des adhérents aux corporations et œuvres sociales sans une assistance médicale appropriée et effective, et des dirigeants syndicaux corrompus et enrichis.

Cet accord entre les militaires stagiaires de droite et les syndicalistes peronistes continue d’être exécuté jusqu’à présent avec minutie rigoureuse et a été le moyen du financement irrégulier du peronisme, avec les apports de tous les travailleurs argentins mal administrés et dirigés, selon Diego Barovero.

Arturo Umberto Illia se versant un verre.
Arturo Umberto Illia se versant un verre.

Perón appuya et sympathisa avec le coup.

Les preuves sont dans les archives. A la fin de juin, au moment où le général Onganía prêtait serment comme nouveau président, Perón recevait à Puerta de Hierro le journaliste Tomás Eloy Martínez, envoyé de la revue Primera Plana, et lui disait : « Pour moi ce coup est un mouvement sympathique parce qu’il a abrégé une situation qui ne pouvait pas continuer. Chaque argentin pensait ainsi. Onganía a terminé une étape de vraie corruption. Illía avait bloqué le pays en cherchant d’imposer des structures de 1800, quand apparait le démoliberalisme bourgeois, qui atomise les partis politiques. Si le nouveau gouvernement marche bien, il triomphera. »

« Le coup de 1966 eut seulement deux acteurs, grâce au rôle déstabilisateur achevé par le peronisme. »

Comme preuve de l’appui peroniste au coup, habituellement on a mentionné que importants dirigeants, comme le métallurgiste Augusto Vandor fut présent à la prestation de serment du nouveau dictateur à la Casa Rosada. Malgré tout, la parole du leader semble plus éloquente que les gestes politiques de ce dirigeant syndical, plus tard rebelle, qui finira ses jours assassiné par une cellule partisane.

Ce qui fut publié par Primera Plana le 30 juin 1966 est reproduit dans le site El Historiador, de Felipe Pigna, qui n’est pas habituellement considéré un « gorille » par l’historiographie peroniste. Perón dit : « Je sympathise avec le mouvement militaire car le nouveau gouvernement a mis un terme à une situation catastrophique. Come argentin j’aurais appuyé n’importe qui mettait fin à la corruption du Gouvernement Illía. La corruption, comme dans le poisson commence par la tête. Illía utilisa la fraude, les pièges, les proscriptions, il interpréta que la politique est un jeu d’avantage, et en politique, comme dans la vie, tous les tricheurs finissent à Villa Devoto. L’homme qui a mis fin à ça naturellement doit m’être sympathique, mais je ne sais pas si ça sera ainsi aussi dans le futur. Le défaut du gouvernement actuel est qu’il ne sait pas exactement ce qu’il veut, mais le problème viendra quand ils ouvriront le paquet, parce que eux, non plus, ne savent ce qu’il y a dedans. »

Fragment de Pablo Mendelevich pour La Nación.

Link de l’article original en espagnol :

Enlace del artículo original en castellano:

http://www.elclubdeloslibrosperdidos.org/2016/06/el-mejor-presidente-de-la-argentina.html?m=1


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